Dans les rues d’Amiens ou au cœur d’une feuille, il capte ce que l’on ne voit pas. Membre fondateur du collectif Objectif Amiens, ce photographe amateur, papa de trois enfants et enseignant en lycée professionnel, conjugue rigueur scientifique et curiosité artistique pour livrer un regard sensible sur le monde qui l’entoure.
Un œil de physicien… et de poète
Rien ne prédestinait ce professeur de maths-sciences à s’armer d’un boîtier photo. Et pourtant, après avoir jonglé avec les lois de l’optique dans les laboratoires de la faculté de Reims — interféromètre de Michelson, hologrammes et doubleurs de fréquence à l’appui — c’est naturellement qu’il s’est tourné vers la photographie, guidé par une sensibilité visuelle qu’il qualifie lui-même de dominante.
« J’aime observer. Montrer ce que l’on ne voit pas, ou plus. Ce que la routine rend invisible. »
Depuis quatre ans, il capture le monde, souvent sur son chemin quotidien, en s’autorisant quelques balades macro à la fin de l’année scolaire. La photographie n’est pas une échappatoire mais une manière d’être au monde, de le scruter, de le révéler.
Un style sans cloison, une passion sans limites
Polyvalent, il revendique ne pas avoir de sujet de prédilection. Paysages, reflets urbains, détails cachés ou fourmis en pleine négociation avec des pucerons : tout l’interpelle, tant que l’œil est stimulé.
Sa spécialité, cependant, c’est la macrophotographie. À main levée, en manuel, avec un objectif Laowa 65 mm montant jusqu’à un rapport 2:1, il s’amuse à repousser les limites du visible. Une démarche qui exige patience, précision, et surtout, une bonne dose de passion.
« J’aime jouer avec la lumière, maîtriser mes gestes, ressentir cette concentration intense au moment du déclenchement. »
Sans retouche ou presque, il se dit influencé par la philosophie argentique et il développe ses images comme on révélerait un secret. Un filtre natif, quelques ajustements pour nettoyer une diffusion optique mais rien de plus. Tout se joue, dit-il, au moment du déclenchement.
Du Zenit-E aux jeunes de la Hotoie
Côté matériel, il navigue entre son antique Zenit-E 125 mm entièrement mécanique et son Fuji X-T30 i, qu’il équipe selon ses besoins. Mais ce n’est pas l’équipement qui compte le plus, selon lui. Ce sont les rencontres.
Il se souvient avec amusement d’une séance improvisée au parc de la Hotoie, où un groupe de jeunes, intrigués, lui a demandé de les photographier. Un échange simple, spontané, mais révélateur : la photographie, c’est aussi un lien humain.
La photographie amateur, entre liberté et responsabilité
Loin des clichés de l’ère numérique, il porte un regard lucide sur la photographie amateur. Oui, elle s’est démocratisée. Oui, elle peut parfois frôler la superficialité. Mais elle peut aussi être un moteur d’émancipation, un outil de soin, un espace d’expression.
« La photo aide des personnes à se tenir debout. Photographe ou modèle, cela donne un espace de reconnaissance, de valorisation. »
L’union fait la force : Objectif Amiens comme tremplin collectif
C’est avec cette philosophie qu’il a rejoint le collectif. Pour mutualiser les forces, sortir de l’ombre numérique, valoriser une pluralité de regards… et, pourquoi pas, un jour, exposer.
« J’aimerais me confronter au public. Avoir des retours, échanger, progresser. »
Discret, mais déterminé, il n’a pas encore de rêve photographique très précis. Il se laisse porter par le plaisir de la découverte, des interactions et de l’image bien faite. Peut-être qu’un jour, dit-il, la photographie prendra une place encore plus grande.En attendant, son regard continue d’explorer, de surprendre, et de révéler un Amiens inattendu, au détour d’un trottoir ou sous une feuille.